J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

Grands Bonheurs

Un 22 Mai à Vénissieux , en compagnie de Charles Juliet et de quelques autres...

Pour Charles JULIET

A ses lectrices et ses lecteurs

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Là où le cœur attend, un très beau titre de livre paru en Novembre 2017, celui de Frédéric Boyer le nouveau directeur des éditions P.O.L qui a succédé à Paul Otchakovsky-Laurens, ton éditeur principal, tragiquement disparu dans un accident d’automobile le 9 Janvier 2018 en terre Guadeloupéenne. J’emprunte ce titre  aujourd’hui pour qualifier le livre collectif FRATERNELLEMENT , Charles Juliet, qui nous réunit aujourd’hui autour de toi, avec nos partenaires de lecture : l’Espace Pandora Thierry Renard et son équipe, Jérôme Triaud  de  la Médiathèque Lucie Aubrac et ses collègues , Vincent Gimeno représentant le Marché de la Poésie, et toutes les  belles personnes qui ont contribué à ce défi à peu près fou… comme vouloir labourer un champ immense avec la pointe d’un stylo, ou à distance avec un clavier d’ordinateur. Mais la démarche reste paysanne, elle s’accorde aux caprices du ciel et à ses mannes aléatoires. Faire lever la semence de la compréhension profonde et de la gratitude ne demande rien d’autre qu’une certaine obstination et une joyeuse patience.

 

Ce livre est bien celui où le cœur attend et espère quelque chose d’inédit et d’inattendu dans la rencontre entre ton œuvre et ceux ou celles qui te lisent par coeur ou qui te liront mieux encore, je n’en doute pas une seconde…

Toi, qui écrivais pour nous, pour des inconnu.es aussi :

 

Les mots que je forge

à l’intérieur de la grotte

je les propose à ceux

qui cheminent doutent

n’ont plus la force d’avancer

 

eux seuls peuvent

les recevoir

se les incorporer

 

Des frères et des sœurs en lecture, tu en as beaucoup, et cette grande famille adoptive très inclusive ouvre ses bras pour toi et tes mots encore une fois…

 

Comme m’a dit notre amie Geneviève Metge l’autre jour, ce recueil de témoignages est un livre affectif, il est effectif aussi, puisqu’il a réussi à exister, j’ajoute volontiers qu’il est affectueux.   Qui s’en plaindrait ne serait pas parvenu.e là où le cœur attend … et espère…

 

 

Marie-Thérèse PEYRIN   le 22/05/2019


Lorsque l'enfant vient | Adrien | 11 Septembre 2014

 

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ADRIEN

 

Adrien dort, emmailloté à l'ancienne dans une couverture de coton blanc.

Il n'aime pas la lumière trop vive de la chambre mais se rassure au contact du corps maternel.

La naissance a été longue malgré la rupture de la poche des eaux, Adrien n'a pas voulu

répondre instantanément aux injonctions chimiques du comité d'accueil de l'hôpital.

 Plusieurs sage-femmes se sont  succédées et même un sage-homme nous a-t-on raconté ... 

Adrien savait que sa mère et son père l'attendaient fébrilement , mais  il n'était plus pressé.

Avec quinze jours d'avance,

il aurait pu  à terme être plus fort, plus réveillé, plus motivé ,

mais comme sa mère à sa propre naissance,

il a choisi la surprise et le passage plus facile au seuil de la vie bruyante. 

Adrien le petit cosmonaute est arrivé selon la coutume rassurante,

la tête en avant  et n'a pas hésité longtemps à trouver la route du lait.

Apéro au colostrum.

TCHIN  TCHIN  !

Nous on sabre le champagne !

Et la suite paraît aussi facile et naturelle.

Nous , grands-parents maternels pour la première fois,

nageons dans le bonheur et la gratitude 

de vivre tout cela.

 


ETATS DES YEUX | TEMPS 1 | Dans l'été

 

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Les cris aigus d'une toute petite fille dans le jardin en bas. Et la solitude bien aimée dans l'appartement un moment quitté par le compagnon de toute une vie déjà si bien remplie.


Le chat est malade et s'est réfugié sous un meuble, il est à la diète et ne réclame rien. Il a attaqué un sac de croquettes pendant la nuit il y a deux jours et il s'est goinfré comme un gougnafier... Il paie son imprudence. Erreur de jeunesse... On s'est moqué un peu de lui...


Tous les livres m'attendent, non pour les lire, ou alors les feuilleter quelques minutes selon la gourmandise de l'instant... Quinze jours pleins et consécutifs de liberté pour remanier les espaces où ils se sont entassés au fil des années. J'aime ces moments où le regard dirige les agencements d'objets familiers. Il faut d'abord penser les volumes contenant les précieux amis de papier, les lettres d'amis, les tableaux ou livres d'artiste tenus près du coeur.

Tout un peuple d'encre et de souvenirs à rassembler sans bousculade, ni injustice. Les plus anciens devant ou le contraire ? La méthode est incertaine, elle suit l'énergie du corps et les vagabondages de l'esprit. La route est belle, lumineuse, un épi avec ses sentiers vigoureux au bout des graines de mots. Il y avait plusieurs semaines que je n'écrivais plus.

Trop absorbée par la vie professionnelle et l'envie d'être disponible pour notre grande enfant porteuse de vie. De grands moments de bonheur en perspective. Notre premier petit-fils. Nous sommes prêts. L'émotion et la joie sont déjà là aptes à souligner l'importance d'une naissance annoncée. Une parmi des milliards, et qui nous concerne intimement par amour superposé. Quelque chose que je ne me suis jamais représenté jusqu'ici.

Le réel est plus fort que l'imagination. Le Don de Vie lorsqu'il est assumé, supplante tout le négatif de l'existence. Il signifie qu'on a cessé de redouter l'irruption d'un autre que soi devant ses mains ou sa porte. On sait à l'avance qu'on va donner le meilleur de soi pour accueillir l'être neuf, le protéger, l'aider à grandir en confiance.

Petit homme, je ne connais pas encore ton prénom, mais je sais déjà que je vais t'aimer aussi fort que j'ai aimé ta mère et ses deux frères. Tu es le premier, tu as bien fait de venir, on t'attendait. J'espère que ta première séparation avec la grotte maternelle se fera sans difficulté en Septembre, et que tu grimperas vite jusqu'à son sein pour marquer ton second territoire. En tout cas, elle s'y prépare. Et c'est beau, comme la Vie qui vient dans toute sa simplicité humaine et bienveillante.

Tu arrives dans un siècle difficile, mais on t'aidera à ne pas avoir peur. Tes ascendants en ont vu d'autres. Viens , Petit, viens !